Aux Comores, en 1999, un nouveau jour s’est levé, celui d’Azali Assoumani. Par un coup d’Etat, l’homme accède au pouvoir avec la promesse de rétablir au plus vite l’état constitutionnel. 23 ans après, le militaire est toujours indétrônable. Désormais, l’ancien putschiste comorien tient en main la machine africaine, l’UA.
C’est historique. Les Comores, le 4è plus petit pays d’Afrique diplomatiquement et démographiquement moins coté, dirige depuis samedi 18 février 2023 l’Union africaine (UA). Le président comorien Azali Assoumani (64 ans), successeur du Sénégalais Macky Sall est crédité d’un mandat d’un an pour relever les défis d’une Afrique en proie aux crises sanitaire, économique, sécuritaire, climatique, de bonne gouvernance, de paix et d’instabilité politique liée notamment aux putschs successifs dans plus d’un pays.
Curieusement, le profil du nouveau patron de l’organisation panafricaine donne à réfléchir sur ce que devient l’image de l’Union africaine. Tout d’abord, Azali Assoumani a accédé au pouvoir par coup de force en 1999. Il avait juré ne pas avoir l’intention de « s’éterniser » à la magistrature suprême. Son objectif étant juste de « prévenir une guerre civile à la suite des crises séparatistes qui ont secoué les Comores de 1997 à 2001 », avait-il expliqué en 2018.
Mais par la suite, la promesse faite est jetée dans le tiroir. De 1999, Azali Assoumani se retrouve en 2023 toujours perché au sommet de ce petit archipel. Celui qui se définit comme un « profond démocrate » s’est accroché au pouvoir après une petite pause de 2006 à 2016 où la nouvelle constitution instaurant la présidence tournante entre les îles Comores a été votée.
Revenu en 2016 dans un contexte socio-politique tendu, il a révisé la constitution en 2018 pour être réélu en 2019. Son mandat prendra fin en 2024 avec la possibilité de rempiler pour un nouveau quinquennat. A la veille de la fin de son mandat, il vient d’être installé aux commandes de l’Union africaine qui plus est hostile aux coups d’Etat.
Maintenant qu’un ancien putschiste est promu, il y a lieu de se demander s’il s’agit là de la promotion des coups de force et de la course à la longévité au pouvoir. Cela pose aussi le problème de l’autorité et de la crédibilité de la voix Azali Assoumani vis-à-vis des dirigeants de ces pays à l’instar du Mali, du Tchad, du Burkina Faso ou encore de la Guinée qui se sont dernièrement illustrés en matière de putsch. L’ex-putschiste pourrait-il freiner la tendance putschiste en Afrique? On croise les doigts.
Emmanuel M. LOCONON