Azali Assoumani, le président des Comores est désormais aux manettes de l’Union africaine (UA). Le Kenya aurait été contraint de retirer sa candidature à la présidence, au profit de Moroni dont, éventuellement, le lien diplomatique avec la France pourrait être facteur du déploiement de l’hégémonie occidentale.
C’est une aubaine pour la France, analysent nos confrères de Le Monde. L’arrivée d’Azali Assoumani à la présidence de l’Union africaine a, selon le média, été facilitée par Paris. Le Kenya de William Ruto avait aussi prétendu incarner la politique de l’organisation panafricaine. Mais il a dû finalement laisser le privilège aux Comores, petit pays de l’Afrique australe, qui a occupé d’abord la deuxième vice-présidence pour ensuite accéder au fameux fauteuil de l’Union.
« C’est la première fois qu’un pays insulaire au poids diplomatique limité obtient un tel niveau de responsabilité », a relevé Le Monde. C’est donc une accession historique d’un pays d’à peine un million d’habitants au sommet d’une instance suprême tout aussi historique d’envergure africaine. Moroni n’y serait pas parvenu tout seul d’autant plus que selon les bruits de couloir, il y aurait eu des tractations diplomatiques avec la métropole pour un choix coquin.
« Paris s’est activé en coulisses pour refréner les ambitions de William Ruto, tout juste élu président du Kenya, et laisser le champ libre à l’archipel », a révélé le journal français. Et pour se justifier, la source évoque les allers-retours incessants du Comorien à l’Elysée des années avant sa propulsion à la tête de l’UA. Cinq rencontres en trois ans dont la dernière a eu lieu le mercredi 11 janvier 2023. Les sources précisent que l’Union africaine était dernièrement un sujet évoqué.
Le tampon de la France
Les relations diplomatiques entre la France et les pays africains francophones semblent de plus en plus fébriles. Le torchon n’a pas encore cessé de brûler entre Bamako et Paris. Les Comores serviront certainement de tampon pour la France de ne pas perdre absolument la face vis-à-vis de ses anciennes colonies d’avec qui, majoritairement, le courant ne passe plus ou désormais passe péniblement.
Azali Assoumani partage aussi la même hostilité qu’Emmanuel Macron contre la Russie envahissant l’Ukraine. Alors que le penchant de certains pays africains à l’instar du Mali en faveur du renforcement diplomatique avec Vladimir Poutine a le vent en poupe. Le but pour la France serait sans doute de se servir de ce petit pays composé d’îles autonomes pour tenter de tranquilliser les adversités.
« Il y a possibilités pour nous, les Comores, de jouer un rôle médiateur. Nous pouvons passer des messages, notamment au Sahel où le Mali a des problèmes avec la France », a rapporté Le Monde d’un responsable comorien. Ceci relance le débat autour de la souveraineté des Etats africains et l’indépendance de l’Union africaine sévèrement critiquée ces dernières années.
Emmanuel M. LOCONON