L’utilisation de téléphone de haute technologie s’est généralisée de nos jours. Désormais, les mineurs savent utiliser et sont même propriétaires de smartphones haut de gamme. Un fait qui dénote de l’évolution de notre société, mais qui inquiète également en raison des informations plus ou moins obscènes qui circule sur les réseaux sociaux.
Au Bénin, l’accès facile aux dernières technologies prend de l’ampleur notamment dans le rang des mineurs. De nombreux enfants et jeunes âgés de moins de 18 ans possèdent au moins un téléphone portable Android. Pressés d’intégrer la catégorie des personnes matures, certains enfants se procurent parfois des téléphones portables intelligents, souvent à l’insu de leurs parents. L’usage que font ces jeunes utilisateurs de ces appareils, a priori des apprenants n’est pas toujours recommandable. Plus de la moitié de ces enfants utilisent ses appareils pour le simple plaisir de s’adonner aux jeux et aux reseaux sociaux, qui ont le sait bien regroupe toute sorte de gens. Ils deviennent alors accros aux images, textes impudiques et toutes sortes de blagues, des plus drôles au plus dépravés. Très préoccupés par ces jouets de type nouveau, ces mineurs sont de plus en plus tentés de s’offrir des libertés au point de se livrer à des pratiques contraires aux bonnes moeurs .
Auriol Bokossa, père de famille à Godomey témoigne : « la réalité est déplorable. Les enfants utilisent les téléphones portables trop souvent à des fins malsaines », déplore t-il. Comme lui, Emeric Fanou, commerçant à Tokpa se désole face à cette réalité. « C’est vraiment triste . Nous offrons les téléphones portables à nos enfants pour de rester en contact avec eux à cause de de nos occupations professionnelles. Malheureusement, c’est un autre horizon que nous ouvrons devant ceux-ci sans le vouloir ».
De graves répercussions sur les jeunes
Selon le psychologue de l’éducation Jaurès Avocè, « l’adolescence étant une période de bouleversement et de maturation physiques, biologiques et psychiques, les enfants vont facilement céder à toute sorte de dérives une fois sur ces canaux, car ces vidéos et images requièrent des comportements de prudence que même les adultes ont du mal à appréhender. Et si ces jeunes impubères sont obsédés par des films pornographiques, les déconvenues de cette pratique ne sont pas des moindres ». C’est d’ailleurs ce que confirme Sonia, infirmière et mère de famille à Godomey. « J’ai offert un téléphone Android à ma fille qui est en classe de 3e. Depuis un certain temps, elle a totalement changé. Sa manière de s’habiller, son langage.
Elle ne s’exprime que par des propos obscènes » a-t-elle déclaré. Des risques de dépravation, de viol, d’appétit sexuel extrême, de masturbation, de comportement agressif ainsi que la consommation de substance psychoactive sont donc les plus à craindre pour l’enfance actuelle. Tel que l’a confié Wilfried Lima, éducateur à l’ONG Educ’Afrique, « une fois que l’enfant prend du plaisir, c’est difficile pour lui de s’en débarrasser ».
Cette situation, au lieu d’être contrôlée, prend des proportions inquiétantes. Jeanne Loko, élève en classe de 4e et âgé de 14 ans affirme se servir d’un téléphone Android. « Je l’utilise depuis deux ans. On ne saurait éviter cela, car nous utilisons tous Facebook et whatsapp. Nous nous trouvons dans plusieurs groupes et on trouve toujours toutes sortes de publication. L’essentiel, c’est l’éducation reçue », a-t-elle affirmé. Géniteurs, proches et tuteurs semblent découragés par l’essor du numérique qui expose les mineurs.

Des dispositions pour freiner cette course à la perdition juvénile
Dans certains pays occidentaux, l’accès à l’internet est limité. En Afrique, le constat est tout autre, car les enfants sont soumis aux mêmes découvertes numériques que les adultes. Cette situation entraîne de la discorde dans des ménages africains et mérite des solutions urgentes.
Wilfried Lima invite à une éducation sexuelle approfondie au sein de la famille. Il est vrai que l’usage du téléphone portable ne saurait être proscrit, mais il est tout de même possible de freiner ce phénomène. Pour le psychologue Jaurès Avocè, les autorités devraient encadrer la protection des mineurs sur les réseaux de télécommunication. Cela devrait contribuer à limiter à ces derniers l’accès aux sites inappropriés et si possible conduire à la mise en place d’applications propre aux mineurs.
Jocelyne KOUKPOLIYI